Dans la série des anciennes productions de tubes électroniques, voici quelques documents relatifs à la marque Fotos (Grammont / RadioFotos.)
D'abord, un "état des lieux" de la marque, d'après: "Les Grandes Industries Modernes" Éditions De Brunoff - 1929 + quelques photos trouvées sur le web pour illustrer:
Les Grandes Industries Modernes - Éditions De Brunoff - 1929 a écrit :Les ÉTABLISSEMENTS GRAMMONT furent fondés, en 1849, à Pont-de-Chéruy (Isère) par Étienne-Claude Grammont.
A ses débuts, E-C Grammont s'occupa de la fabrication des fils d'acier pour aiguilles et du laminage d'acier pour cercles de crinoline et baleines de parapluie.
La Grammonière:
A cette petite tréfilerie, "La Grammonière" installée dans un moulin sur les bords de la Bourbre, fut annexé un atelier de laminage du laiton pour bijouterie d'or et de faux argent pour ornements d'églises et fabriques de boutons, qui devait être la souche commune de leur "Petite Tréfilerie" actuelle, et des importants laminoirs et tréfileries de Pont-de-Chéruy, susceptibles de fournir aujourd'hui les fils, planches et profilés de cuivre, aluminium ou laiton, dans les plus grandes dimensions.
Pour répondre aux besoins du marché, E-C Grammont ajouta à ses fabrications le laminage du paillon en cuivre argenté et la tréfilerie du trait d'or et d'argent, qui doivent être également l'embryon d'une des principales affaires actuelles de filés, paillon, traits, etc., exploités par Grammont et sa filiale : "La Manufacture Lyonnaise des Filés d'Or et d'Argent".
Vers 1878. l'Exposition Universelle de Paris révéla les premières applications de l'électricité.
M. Alexandre Grammont, collaborateur, puis successeur de son père, pressentant l'avenir réservé à cette nouvelle branche industrielle, n'hésita pas à élargir encore le cadre de son entreprise et à orienter la plus grande partie de ses efforts vers l'électricité.
Il devint rapidement un des fabricants les plus réputés et les plus importants de conducteurs électriques: fils et câbles nus pour transports de force, fils spéciaux pour les téléphones et les télégraphes, fils émaillés, bronze siliceux téléphonique, fils trolley, fils et câbles isolés de tous genres, câbles armés, etc.
Une usine spéciale pour la fabrication des câbles télégraphiques sous-marins fut créée à Saint-Tropez (Var).
Aujourd'hui, les fils et câbles électriques Grammont sont universellement connus et réputés, les ÉTABLISSEMENTS GRAMMONT ayant toujours été à la tête du progrès pour ces fabrications délicates.
La construction des moteurs électriques et des dynamos retint peu à peu l'attention d'Alexandre Grammont, qui entreprit ce genre de fabrication en 1891.
Des récompenses à l'Exposition de Lyon, en 1894, et à l'Exposition de Paris, en 1900, vinrent- couronner ses efforts.
L'importance acquise par cette nouvelle branche nécessita la création d'une usine spéciale, qui fut édifiée à Lyon, 220, route d'Heyrieux (Embryon de ce qui deviendra la "Société des Ateliers de Constructions Électriques de Lyon et du Dauphiné", en 1919, pour permettre un développement rationnel du département des machines électriques.)
L'usine Grammont à Lyon vers 1920:
La nécessité d'obtenir des mélanges caoutchoutés bien contrôlés pour l'isolement des conducteurs électriques amena les ÉTABLISSEMENTS GRAMMONT à s'annexer des ateliers de préparation des gommes qui se complétèrent ultérieurement par des ateliers de fabrication de bandages pleins, de caoutchouc pour usage industriel et de pneumatiques.
Les ÉTABLISSEMENTS GRAMMONT construisirent également, à Lyon, les usines "Fotos" pour la fabrication des lampes électriques d'éclairage.
Les usines "Fotos" furent, on se le rappelle, les premières à entreprendre la fabrication des lampes de T.S.F. à trois électrodes (TM) nécessaires aux besoins des armées, dont l'emploi devait prendre par la suite un développement sans précédent.
Pendant la guerre, les ÉTABLISSEMENTS GRAMMONT transformèrent leurs fabrications et s'occupèrent presque exclusivement des fournitures nécessaires à la défense nationale: munitions, matériel de guerre télégraphique et téléphonique, matériel électrique, etc.
Depuis l'armistice, les ÉTABLISSEMENTS GRAMMONT ont continué leur effort industriel ; ils ont créé une usine spéciale pour la fabrication des câbles armés hautes tensions et pour la fabrication des câbles téléphoniques et télégraphiques. Cette usine est puissamment outillée pour fabriquer les câbles spéciaux prévus pour les liaisons téléphoniques modernes à très longue distance.
Un atelier pour la fabrication des fils émaillés, dont l'emploi se développe de plus en plus pour la construction des bobinages électriques, a été aménagé à la plaine Chavanoz.
Les ateliers de tréfilerie et de câblage, déjà fort développés pendant la guerre, ont été considérablement augmentés et permettent d'assurer la fabrication, dans les meilleures conditions possibles, des fils et câbles, soit en cuivre nu, soit en acier-aluminium, employés dans les transports d'énergie électrique.
La Société des ÉTABLISSEMENTS GRAMMONT, amenée pendant la guerre à produire en grandes quantités le laiton nécessaire à la fabrication des douilles d'obus, des cartouches ou des fusées, a complété ainsi ses laminoirs et tréfileries de cuivre par l'adjonction des fabrications de fils, planches, barres et profilés divers en laiton.
L'importance des fabrications des ÉTABLISSEMENTS GRAMMONT a nécessité une organisation commerciale en rapport dont la Direction générale est centralisée à Paris. Ils ont, en outre, établi un certain nombre d'agences avec magasins de vente et dépôts de marchandises dans les principales villes de la métropole telles que: Paris, Lyon. Marseille, Bordeaux, Toulouse, Grenoble, Nantes, Lille, Clermont-Ferrand, Nancy, Nice, Rouen.
Ces différentes agences, ainsi que celles d'Alger, Tunis et Bruxelles, sont communes à Grammont et à ses filiales. Elles s'occupent en même temps de
la vente du matériel des ÉTABLISSEMENTS GRAMMONT, des ateliers de constructions électriques de Lyon et du Dauphiné, de la Société des Porcelaines et appareillages électriques Grammont, de la Société des Lampes Fotos et de la Société des Téléphones Grammont.
Un service "exportation" fut spécialement créé en 1919.
L'usine de Pont-de-Chéruy en 1925:
Les premières petites séries de tubes TM (Télégraphie Militaire) sortirent donc de chez Grammont en 1915 (prototype en 1914), sous la marque Fotos. François Grammont, administrateur de la société et fils d'Alexandre Grammont, qui avait été sollicité pour ce projet, reprit alors la direction de l'entreprise.
Alexandre Grammont et son fils François Grammont:
Par la suite, pour des raison stratégiques, les TM furent aussi produites à Paris par la Compagnie Générale d’Électricité (qui deviendra plus tard La Compagnie des Lampes - Mazda), sous la marque Metal.
La lampe Abraham - 1914 - fut le premier prototype de TM utilisable:
Mise au point, après divers autres prototypes, par Henri Abraham / François Peri / Jacques Biguet et fabriquée par Grammont. L'ensemble étant chapeauté par Gustave Ferrié.
Le physicien Henri Abraham:
La TM, évolution moins fragile du tube - 1915:
A la fin de la guerre Fotos - Grammont cesse la production de la TM (qui sera produite par la CGE-Metal, La Radiotechnique et SIF.)
Dès 1919 la filiale "Société des Lampe Fotos" - Grammont, commence la production de tubes pour le grand public.
Cette production sera proportionnelle à l'essor de la radio et augmentera progressivement à partir de la seconde moitié des années 20. Cette croissance fut néanmoins freinée par la récession économique début des années 30.
Pour la société mère, Grammont, l'activité principale s'effondrera en 1928 suite à une croissance trop rapide et une gestion devenue trop difficile.
Elle laissera un nom et de nombreuses filiales qui, pour certaines, continuèrent longtemps encore dans de nombreux domaines.
Ce fut le cas pour La Société des Lampes Fotos que l'on retrouve, avec François Grammont comme Président Directeur Général, au moins jusqu'à la première moitié des années 50.
Bilan 1953:
Vers 1928, photo de la filiale des établissements Grammont, puis société anonyme "Société des Lampes Fotos":
Usine: 12 rue de Verdun, Lyon. Fabrication des Lampes TSF.
En 1956, La Société des Lampes Fotos fut absorbée par Claude-Paz & Visseaux.
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Complément d'informations et sources:
Sur le site de Pierre Dessapt: La Triode
Sur le site de Pascal Simeon: La radio à Lyon
Sur Wikipédia: Alexandre Grammont
En livre: Les grandes industries modernes 1929
Extrait de: Lyon, ville industrielle, 1960, Michel Laferrère
Sur la création de la lampe TM: Grande et petite histoire de la lampe TM - Robert Champeix
Source photo: Site personnel sur Pont-de-Chéruy
Autres sources photos: Sites de vente et numérisations documents perso.